Les yeux brouillés et cernés …
..... « C'est les yeux brouillés et cernés que je l'ai reconnu. »
Cet autre, celui dont tu me parles depuis des jours et avec lequel tu souhaitais que je m'entretienne. Planté devant moi tel un
piquet raide, le regard vide et brillant, il me saisit par le bras. Sans aucun doute que la nuit avait dû être difficile et que l'obscurité l'avait saisi et emmené rejoindre ces vieux
démons....
Le silence, un silence de plomb, celui qu'on déteste dans des situations aussi improbables que celle-ci.
Je lui propose de nous asseoir, et de prendre le temps pour déposer à cet endroit, sur cette plage déserte à cette heure-ci, tout ce dont il souhaite.
Rien d'autre n'est plus important que de s'entendre dire qu'on est libre, libre de voler, libre de parler, libre de penser, libre d'être et d'exister.
Pourtant, l'hésitation est grande, et la confiance encore trop frêle pour se permettre un tel acte.
Le soleil étend ses premières lueurs comme un signe d'ouverture et d'acception à ce qui suivra. Aucun jugement, aucune de convenance, aucune marque de déshonneur, juste une étreinte d'accueillir
et de déposer tout cela.
Depuis combien de temps suis-je là ?
Depuis combien de temps suis-je si seul ?
Depuis combien de temps suis-je cette personne que personne semble voir ?
Je me sens si étrange, si bizarre et à la fois si serein. Comme si ce rêve, cet état.....et puis plus rien.
Je me tiens debout face à l'océan, mon regard se perd dans l'immensité du grand bleu autant que mes idées dans ce vaste décor cérébral.
Quoi faire ?
Que dire ?
Comment agir quand on mesure que chaque chose est à sa place ?
Comment interagir avec le monde lorsque celui-ci se défait sous nos pieds.
Je comprends et lis à travers les lignes ce que personne ne dit à voix haute.
Je me questionne, je me regarde dans le reflet de ce miroir terrestre ou céleste et sans comprendre ce qu'il en est.
M.K