Un « petit » Pardon, un Pardon dans mon enfance….
Alors que la saison des pardons a touché à sa fin, l’un d’entre eux a éveillé en mon fort intérieur un moment particulier de mon enfance.
Et oui !
Un pardon, en notre Bretagne, étant tellement important qu’il se prépare et se vit en un temps unique, tel un pèlerinage où le spirituel et le profane se mêlent.
Il y a d’abord par cette période d’attente et de préparations avec les invitations faîtes à la famille, aux proches et amis lors des rencontres diverses.
Puis la mise en forme des divers moments du pardon : office religieux, repas, vêpres, jeux…
Etant enfant, j’ai pu partager ces moments inoubliables.
Les invitants préparaient ainsi la réception festive, car qui dit « bon » pardon dit moment de fête et bonne table aussi.
Le repas, au cours duquel les hommes installés en bout de table s’échangeaient, les nouvelles des uns et des autres, chances et malchances, les bonnes affaires comme les moins bonnes … encore une année de passée, bon gré mal gré … mais encore des projets à venir !
Les femmes s’affaireraient en cuisine surveillant discrètement les enfants qui couraient d’ici de là et les cuissons : lard, rôtis, poulets, gâteau de riz à la vanille et le far aux pruneaux.
Et les enfants ?
Ils attendaient avec impatience ce jour de fêtes certes,mais surtout le moment de quémander quelques pièces de monnaies auprès de leurs parents. Attendre le bon moment pour repêcher dans la fontaine, les quelques pièces jetées par les pèlerins. Puis aller acheter les friandises, bonbons et gâteaux à la tente de la boulangerie et de la buvette. Un petit plus, gratuit, était souvent accorder après l’office.
Arrive alors le dimanche, jour du pardon, jour tant attendu.
Jour de fête de fête sacrée, parenthèse dans l’année, où chacun apportait peines et joie.
Il faut faire au plus vite les travaux du matin pour se rendre au pardon, et même, presser sa marche pour arriver à avoir une place car la chapelle n’est ni proche, ni point grande.
Elle est située au creux de la vallée dans une prairie verdoyante entourée d’une haie où nichent les oiseaux, une sorte de petit paradis.
Une fontaine coule doucement en contre-bas du pré vers un lavoir et une croix à la croisée de chemins creux.
Tout inspire au calme, à la méditation, à l’éloge de la nature et à l’office.
La cloche tinte dans le clocher élancé vers le ciel invitant le retardataire à presser le pas.
Et entrer, ainsi, dans le temps du pardon où chacun, tel qu’il est, trouve une place,
dans la chapelle comme dans la vie.
Herri PEN-KER