Je trône en bonne place et j’égraine le temps…
Je suis toujours là et cela depuis bien longtemps...
Je suis là, face à la longue table de chêne, entre la grande cheminée qui réchauffe et le vaisselier où trônent les nombreuses photos de la maisonnée.
Mon meuble, en chêne, raboté et ciré s’accorde bien avec tous les autres meubles de la grande salle à manger.
Sur mon cadran, un peu jauni par la fumée, courent de manière régulière deux belles aiguilles dorées indiquant tous les instants, les bons comme les mauvais moments.
Mon carillon chantant appelle et rappelle à tous, petits ou grands, jeunes ou vieux de ne pas oublier leur temps, car le temps passé n’est plus existant.
Et mon balancier en laiton brillant rythme mon tictac régulier et incessant comme tout cœur vivant.
Et OUI !
J’en ai, vu dans cette grande salle à manger, du monde et des événements.
Que mes aiguilles ont tournées et mon carillon sonné au gré des heures, journées, mois et années.
J’ai entendu des enfants rires et pleurer, se chamailler et crier, grandir et s’assagir puis se marier et s’en aller quittant la maisonnée.
J’ai rythmé le battement de leurs cœurs en partageant, de ma hauteur, leurs confidences, leurs interrogations et incertitudes où se mêlaient bien souvent joie et tristesse.
Et j’ai vu des pères et mères courant d’ici de là pour être à la bonne heure, en avance ou en retard sur leur temps, mais toujours disponibles et partageant tout simplement , avec moi, leurs soucis, joies et peines, vieillesse et départs, tricots commencés et travaux inachevés.
Je suis la vieille horloge, toujours dans son temps, fidèle, capricieuse parfois, mais toujours au même endroit et veillant sur le temps d’aujourd’hui comme autre fois en gardant les secrets partagés prisonniers dans quelques vieilles toiles d’araignées cachées...
Herri PEN-KER (décembre 2016)